Mon salon de Détroit, beaucoup de questions sans réponse


Le salon international de l’auto de Détroit est un haut lieu de l’industrie automobile. Moi le premier, je m’y lance tête baissée parce que j’aime l’atmosphère des salons de l’auto en général, et celle du salon de Détroit en particulier.

Réglons la chose tout de suite : la ville a beaucoup changé et n’a plus rien de la zone de guerre qu’on vous décrivait il y a quelques années. Les restaurants de bonne qualité abondent, les maisons ont été rénovées, les bords de la rivière nettoyés pour laisser place à des parcs et des terrasses. Bref, dans le centre-ville à tout le moins, Détroit affiche un air de renouveau.

Je ne dis pas que tous les quartiers sont aussi accueillants, mais ne faites plus de détour pour éviter cette région du Michigan. Vous pourriez être surpris de ce que vous y découvrirez.

Cette année en revanche, c’est du côté canadien, à Windsor, que j’ai séjourné, faisant l’aller-retour vers le salon. Cette fois, me cherchez pas le sex-appeal. Windsor est une ville ouvrière, sans beaucoup de personnalité. Quand l’hôtel le plus accueillant est le casino local, cela en dit long sur le reste de la ville.

Mais bon, c’est pour le salon de l’auto, et non pour le nightlife, que je me suis rendu à Détroit au cours des derniers jours.

Premier constat : le salon subit, année après année, une cure d’amaigrissement perceptible à l’œil nu. Cette année, ne cherchez pas les voitures de grand luxe, elles étaient presque toutes absentes (les Allemands étaient sur place sauf Porsche, mais oubliez toute connotation d’exotique italienne par exemple. Oubliez aussi Tesla mais dans leur cas, c’est une maladie chronique la quasi absence des salons).

Autre détail : plusieurs marques n’avaient rien de neuf à dévoiler. Chrysler, qui traditionnellement anime le salon de Détroit avec des présentations spectaculaires – ils ont déjà amené un troupeau de taureau pour lancer une camionnette, fracasser une fenêtre avec un Jeep, embaucher Eva Longoria qui a manqué la seule ligne de son texte, obliger les syndiqués du Cobo centre à faire un grand ménage après le passage du Slava’s snow show et j’en passe – n’a rien du tout. Nada… la compagnie n’apparaissait même pas sur l’horaire des conférences de presse, alors même que Détroit abrite son siège social. La dernière fois que c’est arrivé, Chrysler était au bord de la faillite et avait osé présenter un kiosque totalement dénudé de décor, et avait même éteint les lumières pour la durée des journées de presse.

Je ne dis pas que les choses vont mal chez Chrysler, mais avouons qu’on attendait plus.

Dernier détail, Détroit a fait la preuve une fois de plus qu’elle chérissait les chevaux-vapeurs, pas les kilowatts-heure. Il y a bien eu quelques dévoilements de prototypes ici et là, et Ford qui a tenté de faire croire à tout le monde qu’il prenait un virage vert en tenant, toute la journée, un panel dans le Joe Louis Arena, mais rien de concret à se mettre sous la dent.

Au contraire, ce sont les utilitaires et autres camions qui ont surtout retenu l’attention.

Même les présentations étaient plutôt ennuyeuses. On attendait des réponses aux commentaires de Donald Trump, on a plutôt eu droit à des présentations léchées, sans éclat.

Alors, que penser du salon de Détroit? Plusieurs nouveautés (vous les verrez partout sur les sites spécialisés), quelques modèles intéressants, et une atmosphère généralement blasée. Ce qui donne à penser que les salons sont sérieusement sur une pente descendante. Hâte de voir ce que donnera le salon de Montréal la semaine prochaine.