La nouvelle a de quoi surprendre. Selon un sondage mené par JD Power auprès de 3000 Canadiens, l’engouement pour l’achat futur d’un véhicule électrique fond comme neige au soleil. En fait, selon les données recueillies, c’est moins d’un Canadien sur deux qui envisagerait l’achat d’un VÉ pour son prochain véhicule.
Selon les résultats, seulement 11 % des acheteurs de voitures neuves sont « très susceptibles » d’envisager un VÉ lors de leur prochain achat, soit une baisse de 3 points de pourcentage par rapport à 2023. Cette proportion est deux fois inférieure à celle observée aux États-Unis, où 24 % des acheteurs se disent intéressés par les VÉ.
Cette résistance généralisée à l’échelle nationale est principalement attribuable à trois facteurs majeurs : les inquiétudes liées à l’autonomie des véhicules et à la disponibilité des bornes de recharge, ainsi que les prix d’achat encore élevés des VÉ. Ces mêmes obstacles freinent l’adoption massive de cette technologie depuis des années.
J.D. Ney, directeur du service automobile chez J.D. Power Canada, souligne le paradoxe entre les investissements massifs des constructeurs automobiles dans la production de véhicules électriques et de batteries au Canada, et la réalité du marché. Selon lui, un effort d’éducation supplémentaire est nécessaire pour rassurer les consommateurs et faciliter leur transition vers les VÉ.
L’éducation d’abord
Il faut quand même faire attention. S’il est vrai que plusieurs personnes ne veulent pas de VÉ, du moins en théorie, il faut aussi savoir que cela relève dans bon nombre de cas de l’ignorance. Car, l’étude le démontre clairement, 52 % des consommateurs canadiens n’ont jamais eu l’occasion de monter à bord d’un VÉ, ce qui limite considérablement leur intérêt pour cette technologie.
Le sondage révèle également que 72 % des acheteurs canadiens considèrent comme « très improbable » ou « peu probable » l’achat d’un VÉ lors de leur prochain achat, soit une hausse de 5 points de pourcentage par rapport à 2023 et de 18 points par rapport à 2022.
Cependant, les provinces offrant des programmes incitatifs à l’achat de véhicules électriques affichent des taux de considération plus élevés. Au Québec, 40 % des répondants ont manifesté un intérêt pour l’achat d’un VÉ, tandis qu’en Colombie-Britannique, cette proportion atteint 33 %. Rappelons quand même que les incitatifs sont en voie d’extinction au Québec, et qu’ils disparaitront totalement dans quelques années, en 2027. L’attrait risque fort de diminuer davantage.
Des ventes en hausse
Bien sûr, il faut aussi être réaliste. Il n’y a plus d’engouement un peu alarmiste des dernières années pour se procurer un véhicule électrique, et les délais d’attente sont devenus quasi inexistants, ce qui permet aux ventes de se maintenir, du moins pour cette année. Les résultats sont là pour le prouver.
Prenons quelques exemples. En additionnant les véhicules hybrides branchables à ceux totalement électriques, on atteint un seuil de 10,8% des ventes canadiennes au dernier trimestre de 2023. C’est la première fois que ce nombre franchit la barre des 10%.
La preuve se retrouve aussi dans le budget. Au cours des trois premiers mois de 2024, il y a eu 41 101 demandes de remise pour des véhicules électriques à batterie et des véhicules hybrides rechargeables admissibles dans le cadre du programme fédéral. C’est un gigantesque bond en avant de 135% face à l’année précédente.
La conclusion, c’est que rien n’est encore joué dans le monde des voitures électriques. Les convaincus le sont déjà, mais le défi maintenant est de créer de l’engouement auprès de gens qui ont moins d’intérêt pour le VÉ. Pour ce faire, il faudra des preuves béton d’une économie réelle, d’une facilité d’utilisation et beaucoup d’éducation. C’est ce qui manque encore pour le moment, et l’opinion publique le reflète bien!