On oublie parfois que le jugement que l’on porte sur les autres peut avoir un impact majeur. Mais rarement aussi direct que celui que j’ai dû porter, jeudi dernier, lors de la grande finale canadienne de l’Infiniti Engineering Academy, tenue chez Luciani Infiniti, à Montréal, en marge du Grand Prix du canada.
Si vous ne connaissez pas cette académie, ne soyez pas surpris. Il s’agit d’un concours lancé à l’échelle mondiale destiné à permettre à un étudiant par pays participant (il y a 7 pays qui ont reçu au total plus d’une douzaine de milliers de candidatures) de faire un stage de six mois au centre technique de Renault Sport Formula One Team à Enstone, puis six mois au centre technique européen d’INFINITI à Cranfield, où il sera en contact avec la Formule un notamment.
L’an dernier, c’est Félix Lamy, de la région de Gatineau qui a remporté la mise.
Cette année, c’est à Matthew Crossan, un jeune étudiant de 23 ans originaire de London en Ontario et étudiant à l’université Western qu’est revenu le titre de cette quatrième édition du concours.
Un parcours difficile
Pourquoi dis-je que ma décision y a changé quelques chose? Parce que le parcours de Matthew Crossan l’a obligé, notamment, à se faire évaluer par un groupe de journalistes alors qu’il simulait un point de presse. Comme tous les chroniqueurs automobiles, je surestime peut-être un peu mon rôle (tous les chroniqueurs se croient plus importants qu’ils ne le sont en réalité, cela fait partie de la définition de tâche), mais il est exact que le classement octroyé par le groupe de journalistes sur la performance du jeune ingénieur avait un certain poids.
Il fallait notamment évaluer sa confiance en lui, sa capacité à transmettre sa passion et son assurance. De ce point de vue, le jeune homme a assuré (mauvais jeu de mots).
Vous aurez cependant compris que l’évaluation de la performance publique n’est qu’une infime portion du choix du jury, composé entre autres des dirigeants du département technique de Renault sport en Angleterre et de représentants de Infiniti dont le grand patron canadien Stephen Lester.
Défi technique et défi d’équipe
Au cours des deux jours qu’a duré le concours, les jeunes ont été forcés de travailler en équipe avec de parfaits inconnus, ont dû relever des défis techniques volontairement ardus, modifier leurs plans, et tenter de créer une petite voiture capable d’aller en ligne droite et de battre les compétiteurs.
Sur ce dernier point, l’équipe du gagnant a totalement dominé, leur petit véhicule réussissant trois parcours complets en cinq tentatives, alors que l’équipe adverse n’a jamais pu rejoindre la ligne d’arrivée, malgré de nombreux ajustements en cours de compétition!
Tout cela peut sembler fort simple, mais comme l’a souligné Andy Todd, un des juges présents, rien de tout cela n’est facile. « J’ai été très impressionné de la façon dont les jeunes ont relevé tous les défis. Ils ont fait preuve de beaucoup de qualités d’ingénieurs, mais c’est toute l’attitude et leur sens de la coopération qui a permis d’atteindre les résultats».
Et le gagnant est…
C’est le pilote de formule un Niko Hülkenberg qui a procédé à la remise de prix, alors que le récipiendaire de l’année dernière, Félix Lamy, assistait à la compétition.
Quant à Matthew Crossan, il débordait de joie et de fierté. Le prix comprend les billets d’avion, l’hébergement, un véhicule de fonction INFINITI ainsi qu’un salaire, mais surtout une opportunité de vivre une expérience d’ingénierie unique. Et petit détail qui ne fait pas partie des déclarations officielles: aucun des candidats gagnants dans le passé n’a été renvoyé après son séjour d’un an. Ils ont tous trouvé un emploi à temps complet chez Renault Sport!