Montréal a aussi une histoire automobile, bon 375e anniversaire!


C’est aujourd’hui, 17 mais 2017, que la Ville de Montréal célèbre son 375e anniversaire, un événement prévu de longue date et qui affiche un calendrier chargé, histoire de souligner tous les grands moments qui ont ponctué le passé de la métropole québécoise. Mais l’automobile a aussi sa place dans cette histoire.

En fait, en consultant certaines archives, on constate aisément que la voiture a été au coeur du développement des années 1900, mais a aussi dès le départ fait modifier le visage même de la ville.

La première auto

Selon la petite histoire, c’est à Ucal-Henri Dandurand que revient le titre de premier propriétaire d’une automobile à Montréal. Il devient, dès 1899, propriétaire d’une Waltham à vapeur, payée 600$, que la compagnie lui a expédié des États-Unis, en compagnie d’un formateur à la conduite. L’expérience ne sera pas concluante, et Dandurand retourne la voiture au bout de trois mois.

Photo: Archives de Montréal

Entretemps, il aura tenté d’obtenir une plaque d’immatriculation pour son véhicule. Désemparés, les fonctionnaires de la Ville de Montréal lui ont vendu une plaque de vélo, la seule disponible à l’époque. Il devra dépenser 1$ pour l’obtenir.

Il fera ensuite l’expérience d’une voiture électrique, dont il se débarrasse encore plus vite en raison de son inefficacité, avant d’opter pour une voiture De Dion-Bouton de fabrication française, qui est toujours en exposition au Château Ramezay de Montréal.

Place à l’immatriculation

La démarche de Dandurand a permis à la ville de Montréal de créer son département des immatriculations, dès 1904. Au total, 48 voitures seront enregistrées au cours de l’année au coût de 10$ chacune (et 15$ si ‘usage est comercial). Les prix seront revus à la baisse ‘année suivante, alors que 102 voitures sont immatriculées et ornées des plaques métalliques aux couleurs de la Ville de Montréal.

En 1906, le Gouvernement du Québec rapatrie les droits d’enregistrement des automobiles, et monsieur Dandurand en est le premier demandeur. Petit problème, le gouvernement n’ayant pas fait imprimer de plaque, il a dû peindre lui-même son Q1 sur sa voiture! La popularité des voitures fait ensuite un bon, passant à plus de 65 000 en 1930.

Le premier salon de l’auto

Il faut dire que, dès 1906, le premier salon de l’auto de Montréal fait son apparition, et que les publicités de véhicules se multiplient dans les journaux de l’époque. Pour mousser la popularité de la voiture, on organise aussi des courses d’autos au parc DeLorimier et sur le Mont Royal. La star du volant de l’époque:le hockeyeur Jack Laviolette, qui fait courir les foules.

Photo: Archives de Montréal

Et c’est là que les problèmes de congestion sont devenus sérieux. On a même aménagé des infrastructures, et construit le tunnel Gosford, pour tenter de conjurer le problème. Et c’est au cours des années 30 aussi que seront installés à Montréal les premiers feux de circulation. Détail intéressant, dès 1917 des règlements contrôlant les droits de stationnement sont en vigueur, notamment aux environs de l’Hôtel de ville. On connait la suite.

Sur une note moins joyeuse, c’est aussi en 1906, le 11 août, qu’au eu lieu le premier accident mortel en sol montréalais: Antoine Toutant, 47 ans, a été fauché par une automobile qui dépassait un tramway à l’angle des rues Maisonneuve et Alexandre-de-Sève.

L’industrie

Au fil des ans, rares ont été les compagnies installées à Montréal pour la fabrication de voitures. Tous se souviendront des épisodes moins glorieux des General motors à Boisbriand, ou de Hyundai à Bromont mais aucun grand fabricant du genre n’a sévi sur le sol montréalais.

Manic en 1970, a bien eu des locaux à Terrebonne et Granby, mais rien de plus.

D’autres compagnies ont gravité autour de Montréal, notamment Campagna avec son T-Rex aujourd’hui assemblé à Boucherville, en provenance de Plessisville, ou Bolloré, qui fabrique des batteries de voitures électriques sur la rive-sud de Montréal, mais rien de plus.

Même Louis Chevrolet, fondateur de la compagnie du même nom, a séjourné à Montréal au début des années 1900. Il travaillait alors pour la compagnie Darrack, une compagnie européenne qui fabriquait des voitures, mais aussi des vélos, et c’est comme coureur cycliste que Chevrolet a fait la traversée avant d’aller aux États-Unis.

Paul Deutschman, designer de renom

Un nom moins connu mais pas moins important demeure cependant actif dans la région de Montréal: Paul Deutschman. Designer de renom, on lui doit notamment le T-Rex et le petit camion électrique Nemo (visitez le site de Deutschman Design, et vous découvrirez un monde..), mais c’est avec la firme américaine Callaway qu’il se distingue. La compagnie assemble en effet des Chevrolet Corvette modifiées selon les spécifications du designer montréalais, pour des performances plus relevées. Certaines de ces voitures ont d’ailleurs été assemblées dans l’est de Montréal.

Photo YouTube

En 2017, c’est Chevrolet qui s’associera à Callaway pour produire la nouvelle trouvaille de Paul Deutschman.

L’histoire automobile de Montréal n’est pas nécessairement chargée (d’autres personnages importants ont aussi fait partie de la petite histoire de façon plus anonyme, notamment en design et en ingénierie) mais elle n’en est pas moins importante.

Et elle devait faire partie des célébrations du 375e anniversaire de Montréal.