Loblaws et le Tesla Semi électrique


On va encore me dire que je suis cynique à l’égard des voitures électriques. Ce qui, j’aurai un jour l’occasion de le prouver, n’est absolument pas le cas (je fais même un panel au salon des voitures électriques de Saint-Hyacinthe, ce qui n’est pas peu dire). Je le suis cependant beaucoup plus à l’égard de la compagnie Tesla, qui agite le miroir aux alouettes depuis longtemps et qui continue d’attirer les enthousiastes qui deviennent tout de suite d’ardents défenseurs de la cause.

Et pas question d’oser se prononcer contre un seul projet de Tesla, au risque de se faire harceler et quasi-menacer des pires sévices. Après tout, on ne touche pas au temple de sa Majesté Elon Musk.

Tesla et son Semi

La semaine dernière, Tesla a sévi une fois de plus en présentant un projet de roadster 2.0 aux performances inimaginables. Imaginez, effectuer le 0-100 en moins de 2 secondes! Au-delà des exigences que cela impose à la voiture, le pilote lui-même souffrira du même syndrome que l’astronaute, écrasé par la pression. Mais on reconnait la signature Tesla : un modèle sexy, des performances incroyables, une date de production approximative mais un dépôt de 250 000$ US si vous voulez en réserver une. On se croirait dans un mauvais dossier de Kickstarter….

Il y a pire : la présentation d’un camion semi-remorque, doté d’une autonomie de 800 km (804 si on convertit les 500 milles annoncés), capable de trainer 80 000 livres, muni d’un habitacle aux allures de stations spatiales…

Je laisse à mon collègue David Booth, ingénieur et grande gueule intelligente, le soin de vous expliquer en détail pourquoi techniquement ce genre de réussite est, à toutes fins pratiques, impossible. Je vous invite à lire son texte ici : http://driving.ca/tesla/auto-news/news/motor-mouth-the-inconvenient-truth-about-teslas-truck

Permettez-moi quand même de signaler qu’on ne sait toujours pas ou sera assemblé le camion (prévu pour 2019 on le rappelle), quelle est la nature des batteries et surtout, si les camionneurs eux-mêmes en veulent. Ce qui ne semble pas être le cas…

Puis il y a Loblaws

Étonnamment, aucun grand manufacturier ne s’est associé directement au lancement de Tesla. Sans doute par précaution… Il y a quand même quelques compagnies qui se sont lancées à l’assaut de la remorque. Ce qui a fait dire à de nombreux amateurs : si Loblaws embarque, c’est que c’est sérieux…

C’est ici que mon cynisme rebondit. Car imaginez… pour 5000$ l’unité (Loblaws en aurait commandé 25), la grande chaine canadienne, qui affirme vouloir s’électrifier au complet d’ici quelques années, vient de s’acheter une conscience, une image d’innovation et une chouette campagne marketing.

Depuis l’annonce, tous les grands médias (c’est la venue d’un article sur Automotive News Canada qui m’a fait réagir) ont fait mention de ce geste unique de Loblaws.

J’espère vraiment que l’auteur de ce geste a reçu l’augmentation qu’il mérite. Imaginez, une campagne de relations publiques aussi gigantesque, réalisée à partir d’un investissement de 125 000$, remboursable de surcroit si la compagnie le désire, c’est du marketing de génie.

Presque aussi génial, en fait, que Tesla qui annonçant son Roadster 2.0 et son Semi, essaie de nous faire oublier ses déboires financiers et les ratés dans la production du Model 3.

Mais ce doit être moi qui suis cynique…

J’oubliais… même le dévoilement n’a pas été sans heurts et sans malaises, comme le démontre la vidéo ci-bas!