Ford Focus RS et Ford Raptor 2017 : quand l’orgueil fait conduire


Je ne suis pas un grand pilote, sur une piste du moins. Je l’ai toujours su, et outre quelques conversations où je souhaitais me vanter un peu (mes excuses à ceux qui m’écoutaient à ce moment), je n’ai jamais prétendu le contraire. J’ai, en revanche, une admiration sans borne pour ces fous du volant capables de contrôler leur véhicule avec une précision chirurgicale. Et j’ai eu l’occasion d’assister comme passager à plusieurs démonstrations du genre, sans jamais me lasser.

J’admets, en tout humilité, avoir un peu plus de talent sur la glace et dans la boue. Mais parfois, mon «talent» se heurte à une barrière de talent plus grand. Imaginez le scénario : je suis invité par Ford Canada et sa division performance à rendre conduire le nouveau Ford Raptor 2017 et la très sportive Focus RS sur les pistes glacées et boisées de l’un des plus beaux complexes de sport motorisé, le Complexe Mécaglisse à Notre-Dame-de-la-Merci.

NDLR : si vous n’y êtes jamais, c’est ABSOLUMENT à mettre sur votre liste. Les circuits y sont spectaculaires pour la conduite sur glace ou l’apprentissage de la conduite de rallye et on y offre des tonnes de formation avec votre voiture ou un véhicule loué. Un must absolu!

Bref, du haut de mon petit orgueil de pilote semi-expérimenté, je me pointe à l’événement Ford… pour réaliser que la brochette d’instructeurs qui nous accompagnera constitue l’une des plus expérimentées au Québec. Dirigée par Philippe Létourneau (le pilote instructeur de Canada’s Worst Driver), je me retrouve face aux Louis-Philippe et Jean-François Dumoulin, stars de Nascar et d’autres série; de Claude Bourbonnais, ancien coéquipier de Jacques Villeneuve notamment, de Xavier Coupal, le plus récent champion de la Coupe Micra et ancien coureur dans d’autres séries, d’Andrew Ranger, et de plusieurs autres. C’est ici que mon orgueil a frappé. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de tout donner pour tester le véhicule à sa pleine capacité, sans y laisser ma dignité au passage!

Ford Raptor 2017

Au volant du Ford Raptor 2017, Mecaglisse nous ouvre ses sentiers boisés, normalement réservés aux tests de voitures de rallye.Il faut dire que le Ford Raptor n’a rien à leur envier. Construit sur la base de la camionnette F-150 et sa structure aluminium, il reçoit toutefois des améliorations techniques notables.

Ainsi, du pilier A vers l’avant on l’a remodelé, lui offrant plus de protection sous le châssis, augmentant aussi l’angle d’approche pour favoriser une conduite hors-route sur des sentiers escarpés, et et proposant une partie avant facile à reconnaître.

Mécaniquement, le Ford Raptor reçoit le moteur V6 3,5 litres Ecoboost survitaminé. Il dispose donc de 450 chevaux et d’un impressionnant total de 510 livres-pied de couple. Le tout est jumelé à une nouvelle boîte de vitesses 10 rapports calibrée pour l’occasion. Si elle a bien fait dans sa version originale, elle semblait avoir quelques lenteurs en rétrogradation sur le Raptor, surtout dans les sentiers, mais rien de majeur.

L’habitacle est aussi celui du F-150, à quelques appliques Raptor près.

Puis il y a les suspensions. Oubliez les suspensions traditionnelles: le Raptor est doté d’amortisseurs Fox Racing Shox de 3 pouces (76,2 mm). Le débattement est de 13 pouces (330 mm) à l’avant et de 13,9 (353 mm) à l’arrière. L’angle d’attaque est de 30 degrés, l’angle ventral de 22 degrés et l’angle de départ est de 23 degrés.

Toute cette technique ne vous dit rien? Pas de problème.. Un seul petit rappel: le Raptor dispose aussi de différents modes de conduite, allant du sport au rallye, et il est capable de tout franchir.

Soyons sérieux, les sentiers que l’on nous a proposé semblaient, même pour moi, un jeu d’enfant. Imaginez que le Raptor a tout survolé en mode deux roues motrices, sans jamais faire ressentir la moindre hésitation . Bon samaritain, j’ai laissé le volant à mon instructeur pour un tour (bon, ok, je n’avais pas le choix…) et même lui a littéralement fait une promenade de santé.Je devrai faire subir au Raptor des sévices beaucoup plus importants pour en connaître les limites.

Petit détail: comptez quand même vos sous si vous voulez un Ford Raptor, mon modèle d’essai valait plus de 90 000$!

Focus RS, comme un enfant

Je l’ai dit, sur une piste, je n’ai pas un grand talent. Mais sur la glace, expérience aidant, j’avoue que je pense me débrouiller un peu. Pas comme mon instructeur, Andrew Ranger, mais un peu…

C’est donc avec un plaisir inavouable, comme un enfant qui s’apprête à faire quelque chose d’interdit, que j’ai pris le volant de la Ford Focus RS. La petite sportive, du haut de ses 350 chevaux et 350 livres-pied de couple, m’attendait avec un petit ronron de plaisir (un gars peut bien rêver).

La voiture disposant aussi de plusieurs modes et d’un rouage intégral intelligent qui varie le couple d’avant en arrière aussi bien que de chaque côté, ne demande finalement qu’à être poussée dans ses derniers retranchements. On a donc placé le tout en mode Drift (pour dérapage) et je me suis élancé. Sous la voiture, des pneus cloutés de Michelin qui nous garantissent une adhérence sans reproche.

Première portion du parcours, un slalom entrepris à 40 km à l’heure. Il suffit d’une légère pression sur le volant pour sentir la voiture lutter pour conserver sa trajectoire idéale (j’aimerais bien dire que c’est mon talent qui lui a permis de le faire, mais je vais me garder une petite gêne).

Puis se sont succédés des virages glacés, des dérapages contrôlés, des chicanes destinées à nous ralentir – de laquelle j’ai d’ailleurs fait valser les cônes, désolé – et un rond de glace impressionnant.

À chacune des manoeuvres, la Focus mord littéralement à la route, et lorsqu’elle dérape avec un peu trop d’insistance, un peu de contre-braquage, beaucoup d’accélération (en tenant la pédale au fond je pouvais profiter du maximum des systèmes embarqués) et quelques sueurs froides m’ont permis d’éviter les murets glacés, et les affres de la honte d’une sortie de piste devant des pilotes aussi expérimentés.

Un bon mot pour les sièges Recaro qui m’ont retenu en place peu importe les manoeuvres, même s’il sont un peu serrés pour les gens horizontalement différents comme je le suis en usage quotidien.

Quant à la boîte de vitesses à 6 rapports, elle s’avère agréable sur la route, mais j’ai eu bien peu d’occasion de l’utiliser sur la piste glacée, me contentant de la deuxième la plupart du temps.

Conclusion

Je suis heureux. Xavier et Andrew n’ont pas perdu confiance en mes talents, il n’y a eu aucune tôle froissée, mais je ne peux pas en prendre tout le crédit. Tant le Ford Raptor que la Ford Focus RS 2017 se sont avérés de véritables machines de guerre, faciles à conduire et à maîtriser, peu importe les circonstances.

Mais juste au cas où j’aurais mal compris, j’espère bien pouvoir recommencer l’expérience, en période estivale cette fois.